Au-delà de l’importance du PLU et de la démocratie participative malmenée dans ce projet, lui-même discutable à bien des égards, il nous a semblé intéressant de revenir de façon plus large sur les enjeux environnementaux.

  • Qu’est-ce que l’artificialisation des terres ?

L’artificialisation des sols est une conséquence directe de l’étalement urbain en France et dans d’autres pays.

En effet, selon le Ministère de la Transition écologique «  ce phénomène consiste à transformer un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale, afin de les affecter notamment à des fonctions urbaines ou de transport (habitat, activités, commerces, infrastructures, équipements publics…).»[1] .

En d’autres termes, l’artificialisation intervient dans un contexte d’opérations d’urbanisme. Il consiste à rendre imperméable des terres (agricoles, naturelles ou forestières). Les conséquences sont alors nombreuses pour l’humain, la biodiversité et la planète : inondations (pas d’absorption des eaux pluviales), perte de biodiversité (destructions des habitats de la faune et de flore), perte d’autonomie alimentaire (par la perte de surfaces agricoles), réchauffement climatique (le béton est la source d’environ 7 à 8% des émissions mondiales de CO2) [2] , etc.

Deux outils d’observation de l’occupation du sol permettent de mesurer l’évolution des surfaces artificialisées : l’outil européen Corine Land Cover (créé en 1990)  utilisé par le ministère de l’Écologie et Teruti-Lucas (créé en 1993) utilisé par le ministère de l’Agriculture[3].

Selon « Corine Land Cover, entre 1990 et 2006, la part des surfaces artificialisées sur le territoire métropolitain passe de 4,6 % à 5,1 %, ce qui correspond à une perte de 281 354 ha en 16 ans dont 122 949 ha sur la période 2000-2006. Les surfaces artificialisées sont plus élevées selon Teruti-Lucas. Elles représentent 7 % de la surface métropolitaine en 1993 et 9,4 % en 2008.»[4]. L’artificialisation est en hausse depuis les années 1990, ce qui entraîne de facto une perte de ces terres agricoles, naturelles ou forestières.

  • Loi Climat et Résilience

Au vu de ces enjeux environnementaux, mais également du fait des 78 085 de logements vacants en 2018 selon l’INSEE [5] dans les Bouches du Rhône, nous devons être conscients que nous n’avons aucune obligation à artificialiser les terres ici à Aurons. Nous avons d’ailleurs la confiturerie comme potentiel constructible, comme « zone à urbaniser » selon les termes du PLU actuel.

Nous pouvons en effet faire le choix de montrer l’exemple en suivant les recommandations de la Loi Climat et Résilience promulguée et publiée au journal officiel le 21 Août 2021[6], en suivant le zéro artificialisation d’ici 2050[7]. En effet, cette loi prévoit une division par deux du rythme d’artificialisation : « Le rythme d’artificialisation devra être divisé par deux d’ici 2030. Le zéro artificialisation nette devra être atteint d’ici 2050. Cette mesure sera appliquée par l’ensemble des collectivités territoriales. » [8].

Il apparaît évident que des promoteurs vont chercher à acheter et construire très rapidement avant 2050. Après cette date, ils ne pourront plus le faire.

  • Quelles sont les alternatives existantes ?

Il existe d’autres alternatives possibles à la construction en béton et plus largement à l’artificialisation des sols. Une piste est bien sûr de rendre leurs vocations premières aux terres agricoles – et on peut rappeler que les agriculteurs actuellement sur Aurons ont une activité viable, et que des jeunes souhaitent s’installer. Par ailleurs, nous pouvons et devons repenser nos modes de construction et d’habitat pour respecter davantage les écosystèmes qui nous entourent. Il existe de nombreuses possibilités, à titre d’exemples :

De même, d’autres alternatives sont possibles pour le Verger. Ne pouvons nous pas imaginer un jardin partagé comme le permet le PLU actuel ?  Ce jardin serait un moyen de plus de créer du lien entre les habitant.es du village. En effet ce jardins permettrait de « répondre à l’ambition de nourrir les villes, en respectant des circuits courts. »[9].

  • Focus sur notre situation

Nous le savons, le promoteur Hectare souhaite maximiser ses profits en faisant fi de l’avis de la population (il nous suffit de regarder la situation dans le village de Velleron[10] dans le Vaucluse pour mieux le comprendre).

En achetant les 300 hectares de la SAS Vergers des Alpilles, il ne compte pas s’arrêter à 44 logements à terme.  En effet dans la perspective de la Loi Climat citée précédemment, les promoteurs vont s’empresser d’acheter et de construire car ils savent très bien qu’ils ne pourront plus le faire d’ici une vingtaine d’année.

Défendre les terres agricoles et naturelles, c’est donc notre devoir. C’est aussi la mission de la fédération France Nature Environnement[11] dont nous sommes membres. Nous sommes également soutenus par de grandes associations environnementales telles que  Alternatiba (Marseille), Extinction Rebellion (Marseille) et Pays Salonais en Transition (Salon de Provence).

En votant défavorable à toute modification du PLU, nous protégeons donc nos terres agricoles, naturelles et forestières de l’artificialisation à court, moyen et long terme, nous évitons également la bétonisation d’un quart du village sur le long terme et nous œuvrons pour un avenir plus serein de notre village et de toutes ses composantes (terres, forêts, humains, faune et flore…).


[1] https://www.ecologie.gouv.fr/artificialisation-des-sols

[2] https://www.rtbf.be/article/le-beton-une-industrie-emettrice-de-co2-quelles-sont-les-solutions-pour-des-constructions-durables-10250934

[3] https://www.natura-sciences.com/comprendre/lartificialisation-des-sols-en-france-un-ravage-meconnu204.html

[4] https://www.natura-sciences.com/comprendre/lartificialisation-des-sols-en-france-un-ravage-meconnu204.html

[5]https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=DEP-13

[6] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043956924

[7] https://www.ecologie.gouv.fr/loi-climat-resilience

[8] https://www.ecologie.gouv.fr/loi-climat-resilience

[9] https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/profils/collectivites/jardins-partages-agriculture-urbaine

[10] https://www.facebook.com/CollectifDefenseGrandeBastideVelleron84/

[11]https://www.fne13.fr/

Qu’est que que l’ “artificialisation” des sols ? En quoi est-ce que ça concerne Aurons ?

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