Nous allons être amenés à nous prononcer cette semaine – du 3 au 5 mars 2022 – sur notre accord à modifier ou non le PLU actuellement en place à Aurons. Mais à quoi ça sert le PLU ?
Un PLU, en deux mots, ce sont les règles du jeu établies dans une commune pour cadrer le développement de l’urbanisme. C’est pourquoi l’adoption d’un PLU est si importante – surtout dans notre région où il y a une grosse pression foncière. Cette adoption obéit à des règles très strictes d’un point de vue technique, basées sur des études d’impact (capacité des réseaux, des infrastructures etc.) et sur des choix politiques, au sens noble du terme, de gestion du collectif. C’est un travail qui se fait par anticipation, à froid, indépendamment de toute pression de tel ou tel propriétaire ou investisseur, pour que le politique puisse imposer ses règles aux intérêts privés. Beaucoup de particuliers auronais – et c’est heureux – quand ils ont voulu réaliser des travaux chez eux, ont été contraints de respecter des règles en termes d’éloignement des limites de propriété, de surface de construction etc. Et ces règles doivent s’appliquer aux gros comme aux petits.
En l’occurrence le travail a été fait, et bien fait sur Aurons, avec une dernière révision en 2015, portée par André Bertero, il faut le reconnaitre. Ce qui a été mis en avant par l’ancien conseil c’était de permettre le développement du village, de régler le problème de la confiturerie tout en préservant les terres agricoles et des poumons verts – le Verger et la zone verte des Ferrages – qui se trouvent par ailleurs être des sites remarquables d’un point de vue esthétique et environnemental. Ces règles sont connues publiquement, disponibles sur Internet en en mairie. Tout acquéreur potentiel, petit ou grand, les connaît à l’avance et sait qu’il devra s’y soumettre s’il veut construire sur Aurons.
Alors bien sûr rien n’est figé et un maire a le droit de changer d’avis.
Mais dans le cas précis il n’y a pas d’élément nouveau. Quand le PLU a été adopté la société du Verger des Alpilles était déjà en vente et l’équipe municipale savait qu’il y aurait des acquéreurs, quels qu’ils soient, à un moment donné. Et le PLU devait justement protéger le village à ce moment-là. Nous avons d’ailleurs reçu dans nos boîtes aux lettres ce week-end une lettre ouverte d’une grande partie de l’ancienne équipe municipale – tout à fait indépendamment de l’association Préservons Aurons – qui a travaillé sur l’adoption de ce PLU – et c’est un énorme travail – pour expliquer les problèmes soulevés par le projet de modification. Le premier PLU adopté par l’équipe de Robert Coste avait déjà ce souci de mettre des garde-fous qui protégeraient le village le jour où le Verger des Alpilles seraient revendus.
Pourquoi intervertir les priorités et adapter le PLU à des intérêts privés ?
Pourquoi envoyer le message à Hectare – qui aurait 300 hectares sur la commune – que la mairie est prête à adapter les règles d’urbanismes pour satisfaire à ses attentes en termes de retour sur investissement et de rentabilité ? Il est peut-être difficile d’éviter qu’un propriétaire unique ait 300 hectares de terrain à Aurons – encore qu’il existe peut-être des solutions à étudier telles que la reprise des terres agricoles par certains acteurs ; et les autres terres par d’autres acteurs. En revanche, nous ne sommes pas obligés de lui passer le message qu’il va pouvoir faire évoluer ces terrains dans le sens qu’il souhaite (à savoir toujours le même sens : de naturel à 2AU puis de 2AU à 1AU).
L’association comprend que le Verger des Alpilles souhaite vendre sa société, et au meilleur prix possible; que Hectare veuille rentabiliser au mieux son investissement (élevé). En revanche nous ne comprenons pas ce que la commune a à gagner à modifier les règles qu’elle a elle-même fixées au préalable pour préserver son patrimoine naturel, agricole et esthétique.
Alors oui bien sur il y a des risques à refuser de modifier le PLU (notamment que cela prenne un peu plus de temps à voir le village se développer).
Mais nous pensons qu’il y a encore beaucoup plus de risques à modifier le PLU – notamment celui de donner un chèque en blanc à Hectare pour les Ferrages, après lui avoir déjà permis de bétonner le Verger – sans parler des incertitudes sur les terres agricoles.